“C’est qui ton acteur préféré ?”

Quand on me pose cette question, je réponds sans hésitation : Edward Norton.

Ce n’est pas l’acteur hollywoodien qui a la plus belle gueule ni le plus de films à succès à son compteur, mais il est plein de charme et il a fait de grands projets, éclectiques et de qualité. J’irais même plus loin en disant que son jeu apporte le petit plus qui fait qu’un film passe de « bon » à « génial ». Ses capacités de métamorphose sont déconcertantes. Il passe d’une expression à l’autre avec facilité et il peut tout jouer, du faible d’esprit au manipulateur sûr de lui. J’ai parfois l’impression qu’il n’a pas la reconnaissance qu’il mérite. Il se fait discret sur la scène médiatique, mais il s’est engagé dans plusieurs actions humanitaires et environnementales.

J’avais envie d’évoquer ces films qui font pour moi sa légende, et qui font partie pour certains de mes films favoris.

I choose to believe that not all crimes are committed by bad people. And I try to understand that some very, very good people do some very bad things.

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Ne pas se fier à ce visage innocent…
  • Un brillant avocat de Chicago (Richard Gere) se porte volontaire pour défendre un jeune homme (Edward Norton) accusé du meurtre d’un ponte de l’Eglise.

Le film a pris un petit coup de vieux dans sa mise en scène, mais il reste agréable à suivre : c’est un bon film sur le système judiciaire. Il aurait pu se conclure sans faire plus d’étincelles et tomber dans l’oubli, mais c’était sans compter sur la présence d’Edward Norton, qui apparaît ici dans son premier film et vole sans effort la vedette à Richard Gere. Il est fascinant de voir s’affirmer ici son jeu déjà parfaitement équilibré, jamais dans la surenchère. Cela lui a valu de gagner le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle. Il arrive à nous balader tout le long. On doute, on se dit que c’est trop beau pour être vrai, on se range à l’avis de l’un puis de l’autre, et on doute à nouveau. Enfin, quand on se dit que tout est réglé, le fameux twist final vient nous mettre une claque. Et on se dit « putain, ouais, ils ont osé ! ».

Hate is baggage. Life’s too short to be pissed off all the time. It’s just not worth it.

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  • Dereck (Edward Norton), un néo-nazi repenti après un passage en prison, est décidé à changer de vie et à sortir son jeune frère Danny (Edward Furlong) de cette spirale.

American History X doit être dans le top de mes films préférés, je ne saurais pas expliquer la claque que je me suis prise quand je l’ai visionné. J’aime beaucoup la réalisation qui mêle le passé violemment raciste de Dereck en noir et blanc, et sa présente rédemption en couleurs. On reproche la crédibilité du scénario – le changement d’état d’esprit rapide de Dereck après son passage en prison – mais je trouve cela dommage de se concentrer sur ce point, qui compte peu au final. Ce qui est important ici c’est tous les aspects sociologiques qu’on peut déceler ; de voir de quelle façon la haine raciale arrive à gangrener une société entière. C’est avec cette prestation puissante que le talent d’Edward Norton s’est révélé au grand public. Ce premier grand rôle lui a permis d’être nommé pour l’Oscar du meilleur acteur.

Listen up, maggots. You are not special. You are not a beautiful or unique snowflake. You’re the same decaying organic matter as everything else.

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  • La vie d’un employé de bureau (Edward Norton) est bouleversée lorsqu’il rencontre Tyler Durden (Brad Pitt). Ils forment ensemble le Fight Club, un club de lutte clandestine.

On a énormément disserté sur ce film. C’est un film culte pour toute une génération. Impossible d’être passé à côté. Je ne vais pas m’aventurer à une analyse ou une interprétation poussive, ce serait foireux. Il mérite certainement plusieurs visionnages attentifs pour cela. Le trio d’acteurs (avec Helena Bonham Carter) est incroyable. Edward Norton avec ses cernes de trois mètres de longs et son corps sec arrive à tenir complètement la barre face au beau gosse Brad Pitt. On trouve un réservoir inépuisable de citations anticapitalistes, il y a du sang et de la sueur, on ne s’ennuie pas et on réfléchit beaucoup… Jusqu’au WTF final. Ce film te met à terre et on n’en sort jamais indemne.

Fuck you and this whole city and everyone in it.

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  • La dernière nuit de liberté de Monty (Edward Norton), un trafiquant de drogue, avant qu’il ne purge une peine de prison de sept ans. Une soirée est organisée à cette occasion dans un club, tout son entourage y est réuni : son père, avec qui il va tenter de renouer des liens, ses deux anciens amis (Barry Pepper et Philip Seymour Hoffman), et sa compagne (Rosario Dawson)…

On retrouve Edward Norton en premier plan avec toujours de très bons acteurs pour le soutenir. Le rythme est intense : on ressent la même tension que Monty face à sa situation. Le film commence là où tous s’arrêtent habituellement : comment réagit un mafieux qui se fait prendre ? Il y a quelques flash-backs pour comprendre comment il en est arrivé là. On voit les réactions de son entourage, notamment ses deux potes qui ont aussi chacun leurs problèmes. On ressent tour à tour la misère personnelle des personnages. Les dialogues sont très bien écrits, et s’enchaînent parfois de manière « tarantinesque », si je peux me permettre la comparaison. Cela contrebalance le côté dramatique. Le monologue de Monty face à un miroir a inspiré beaucoup de monde (comme Orelsan et sa chanson Suicide Social ).

Popularity is the slutty little cousin of prestige.

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On se fait un petit remake de Fight Club?
  • Riggan Thomson (Michael Keaton), acteur autrefois connu pour avoir joué un super-héros, tente de retrouver sa célébrité en montant une pièce à Broadway.

Après quelques années de baisse de régime, à jouer dans des films de casse très moyens notamment (Braquage à l’italienne, The Score), Edward Norton paraît remonter la pente dernièrement. Il a joué des seconds rôles dans des films de Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel, Moonrise Kingdom), avant de décrocher le rôle de Mike, comédien talentueux mais arrogant, dans Birdman. Celui-ci admet être « real » uniquement sur scène, c’est dans la vie qu’il joue un rôle. De bonnes questions sont posées sur la célébrité et le besoin de reconnaissance. J’ai été enchantée personnellement. Le film est magique de bout en bout : il est monté comme un long plan-séquence et Edward Norton y ajoute aussi sa dose de folie. Pour cela, il a été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle – et c’est une honte qu’il ne l’ait pas gagné, mais au moins plusieurs voix se sont élevées pour faire ses louanges !

Pour finir, une petite vidéo qui récapitule les dix meilleures prestations d’Edward Norton (minus Birdman) :